J30 | đđ„đđđ đšđđ§đđ đđđđđđđĄđđ - đđ„đđŠđ§ | Anthony Marchand : « Aller tout droit, tout schuss : un moment que jâattends avec impatience ! »
Parti il y a dĂ©sormais presque un mois tout pile de Brest dans le cadre de lâArkea Ultim Challenge â Brest, Anthony Marchand, qui a franchi la longitude du cap Leeuwin hier Ă 21h10 (heure de Paris), Ă©volue actuellement au sud de lâAustralie, Ă lâavant dâune dĂ©pression qui va lâaccompagner jusquâau cap Horn ou presque. De quoi lui permettre dâallonger la foulĂ©e mais aussi et surtout, pour la premiĂšre fois depuis le dĂ©part, de filer tout droit, tout schuss. Si les moyennes de son maxi trimaran Actual Ultim 3 promettent de flirter rĂ©guliĂšrement avec les 40 nĆuds, le navigateur devra toutefois redoubler de vigilance pour Ă©viter les petits pĂ©pins techniques, conscient que dans ces contrĂ©es hostiles, il ne pourra compter que sur lui-mĂȘme.
Alors quâil a multipliĂ© les empannages en bordure de la zone dâexclusion Antarctique depuis son redĂ©part de Cape Town il y a maintenant dix jours, Anthony Marchand se prĂ©parer Ă attaquer un grand schuss en direction du cap Horn. Un long bord en tribord amure qui va lui permettre dâaligner les milles Ă vitesse grand V sur le but. « Jâai encore quatre-cinq empannages Ă effectuer mais ça ne va faire quâaccĂ©lĂ©rer au fur et Ă mesure. La perspective dâaller tout enfin droit et Ă hautes vitesses fait plaisir ! Depuis le dĂ©but de ce tour du monde, jâattends avec impatience ce moment !», a assurĂ© le skipper dâActual Ultim 3, joint ce matin par son Ă©quipe. Depuis hier, il augmente, de fait, graduellement la cadence. Il crapahute, ce matin, Ă prĂšs de 30 nĆuds, propulsĂ© par un flux de nord-ouest soufflant entre 25 et 27 nĆuds sur une mer quâil qualifie de « correcte », et la bonne nouvelle câest quâil devrait continuer de monter dans les tours dâici au passage de la Tasmanie puisque le vent est prĂ©vu de sâĂ©tablir autour de 30 nĆuds sur sa route, avec des rafales Ă 35-40. « Cela va mâobliger Ă rĂ©aliser diffĂ©rents changements de voiles dâavant. Je vais ranger le gennaker puis le J1 avant de jouer, ensuite, entre le J2 et le J3 puis les prises de ris. Clairement, jâai hĂąte de grignoter des milles rapidement vers le cap Horn. Je sais nĂ©anmoins que je ne vais pas avoir droit Ă lâerreur car la dĂ©pression sera juste derriĂšre moi et elle Ă lâair forte. Il faudra que je sois constamment rapide pour rester devant », a prĂ©cisĂ© le navigateur. En thĂ©orie, cette zone fermĂ©e de basse pression ne devrait pas le rattraper mais dans les faits, Anthony Marchand le sait, la moindre dĂ©faillance technique pourrait modifier le scĂ©nario annoncĂ©. « Si jâai des emmerdes et que je dois mâarrĂȘter, la donne pourrait ĂȘtre chamboulĂ©e », a soulignĂ© le Costarmoricain, qui, pour mĂ©moire, a fait les frais dâun petit souci dâenrouleur de gennaker dans la nuit de dimanche Ă lundi, le contraignant alors Ă changer la galette avec, Ă la clĂ©, une manĆuvre pour le moins dĂ©licate.
Lâimportance de viser des points intermĂ©diaires
« Affaler 450mÂČ de voile sur le pont dâun bateau dans 18 nĆuds de vent en solo, câest rocambolesque. Je nâespĂšre pas franchement revivre ce genre de situation », a concĂ©dĂ© le marin qui se rĂ©jouit en tous les cas dâattaquer un grand schuss sur le bord oĂč il nâest pas pĂ©nalisĂ© par lâabsence de foil. « Ăa devrait aller vite, et mĂȘme trĂšs vite. Il va falloir rĂ©ussir Ă bien gĂ©rer. Cela met un peu de pression. Une pression sâajoute au fait quâĂ ces latitudes, on est un peu tout seul car mĂȘme si on parait proche de lâAustralie, on est quand mĂȘme un peu perdu au milieu de nulle part. Le Grand Sud est un endroit assez hostile. On nâa pas envie dây faire de bĂȘtises et câest dâautant plus vrai que lâon sait quâil nây aura pas quelquâun pour venir nous aider », a rappelĂ© Anthony Marchand qui a, devant lui, prĂšs de 6 000 milles Ă parcourir avant de franchir lâarchipel de la Terre de Feu. Rien de moins. « Si tu regardes la cartographie, tu te rends comptes Ă quel point câest encore loin. Je prĂ©fĂšre donc ne pas trop y penser mais plutĂŽt me focaliser sur dâautres choses comme lâentrĂ©e dans le Pacifique, le passage au sud de la Nouvelle-ZĂ©lande et celui du Point NĂ©mo », a dĂ©taillĂ© le skipper dâActual Ultim 3 qui a dĂ©bordĂ© la longitude du cap Leeuwin hier Ă 21h10 (heure de Paris) et devrait franchir celle de la Tasmanie trĂšs tĂŽt jeudi matin. « Tous ces points de sont importants. Ils rythment la course. Jâavoue cependant quâhier, jâĂ©tais davantage concentrĂ© sur la dĂ©pression qui arrivait sur moi puis mes empannages et mes changements de voile que sur tout autre chose », a relatĂ© le Breton pleinement polarisĂ©, ce mardi, sur ce fameux sprint gĂ©ant qui lâattend, notamment dans le Pacifique. « Aujourdâhui, je prĂ©vois de faire un point sur tout ce quâil y a dans la cabine. Est-ce que jâai assez de papier toilette, de plats lyophilisĂ©s, dâeau ? Je vais refaire un petit ravito de plusieurs choses en vue de cette semaine plein gaz pour Ă©viter dâavoir Ă redescendre si câest un peu scabreux mĂȘme si, bien sĂ»r, je ne serai pas non plus bloquĂ© dans la cellule de vie. Par ailleurs, lorsque jâirai affaler les voiles dâavant puis les ranger proprement dans les sacs, cela vaudra le coup que je checke le bateau afin de mâassurer que tout va bien. Ces prochains jours, il va y avoir un peu de stress, mais du stress positif ! »
Photo : Nicolas Touzé | Class Ultim