Route du Rhum - Destination GuadeloupeYves Le Blevec, 5e sur Actual Ultim 3 : " Heureux et fier"

Crédit photo : Qaptur

Il est 1h04 à Pointe à Pitre (6h04 France métropolitaine) et le sourire d’Yves Le Blevec illumine la nuit antillaise :  l’Actual Ultim 3 vient de franchir la ligne d’arrivée de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Yves Le Blevec est tout sourire, clairement heureux d’avoir mené cette « machine incroyable » de l’autre côté de l’Atlantique. Et lorsque l’on mesure la disproportion entre la taille d’un homme et le gigantisme de l’Ultim, l’envergure de ce défi saute aux yeux. Le Trinitain, 5e de sa catégorie, ne cachait pas sa fierté, son soulagement aussi, d’avoir bouclé cette transat particulièrement engagée : « Ces Ultims sont hyper exigeants. Réussir à être à leur niveau est un plaisi r, mais c’est douloureux. » 

Il ne lui aura fallu que 8 jours 15 heures, 49 minutes et 1 seconde pour rallier Pointe-à-Pitre à près de 22 nœuds de moyenne.

Yves Le Blevec, skipper Actual Ultim 3 : « Je ne peux pas commencer la conférence de presse sans parler de François (Naveilhan NDLR) et d’Alex (Picot NDLR) et dire à quel point je suis effondré. Tous les skippers de cette transat ont fait des stages de survie, on a disputé une course hyper engagée et le drame se passe et là, en baie. La sécurité est primordiale pour tous. C ’est très triste. Je suis effondré, comme tout le monde. » 

Sa belle transat bouclée, le skipper Actual Ultim 3, accueilli par Francis Joyon et François Gabart, est heureux et fier de la mission accomplie, du travail d’équipe réalisé depuis des mois. Aucun souci technique n’a entravé la performance globale du bateau, mis à part un gennaker déchiré il y a trois jours qui lui coûte probablement sa 4e place. Mission accomplie. Il raconte ce qu’il ne dit pas en mer. 

Crédit photo : Qaptur

Heureux ?

Yves Le Blevec : « Je suis vraiment super content d’être arrivé ! Boucler cette course était l’objectif n°1. Arriver ici… ce sont des sensations très intenses. »

T’es-tu fait plaisir en mer ?

Yves Le Blevec : « Se faire plaisir n’est pas forcément l’objectif, mais réussir à piloter ces machines capables de traverser l’Atlantique en une semaine est sacrée satisfaction. En mer, on est entre plaisir et douleur. C’est très partagé. Ces Ultims sont hyper exigeants. Réussir à être à son niveau est un plaisir, mais c’est douloureux. »

Sans frein dans une grande descente

Yves Le Blevec : « Quand le bateau s’emballe, à chaque vague, ça part à 40 nœuds : c’est peut-être le mode « normal », mais tu as quand même l’impression d’être dans un camion sans frein, engagé dans une grande descente avec des virages… Ces bateaux n’ont pas de limite. La limite, c’est ce que le skipper est capable d’endurer. Au-delà d’un certain niveau d’attaque, c’est hyper compliqué de débrancher le cerveau et de se dire ok je vais dormir. Ce n’est pas facile de trouver l’équilibre. »

Le match avec Francis Joyon était sympa

Yves Le Blevec : « Il y a 3 jours, à peu près au même moment, j’ai eu trois soucis techniques, sans lien entre eux. Deux ont été résolus (électronique et rotation du mât), mais pas le troisième : la déchirure de mon grand gennaker. 

Le temps de le remplacer par mon J1 et de réparer, Francis était revenu sur moi et j’allais désormais moins vite que lui. Je n’ai donc pas réussi à conjurer le sort de 2018, mais le match était sympa ! » 

Crédit photo : Qaptur

Il y a vraiment des écarts de vitesse

Yves Le Blevec : « Au près, il y a vraiment des écarts de vitesse avec les nouveaux bateaux. Et, dès le départ, je suis parti avec un ris alors que ça passait GV haute. J’ai renvoyé le ris dès le premier virement, mais j’étais un petit cran derrière et ils ont attaqué très fort. Je suis très impressionné par le niveau d’attaque qu’ils ont réussi à mettre avec ce que ça génère en stress et en fatigue. 

J’ai été super fatigué à un moment de la course. Heureusement que je me connais, parce que c’est là que tu peux faire de grosses bêtises : l’urgence était de gratter quelques minutes de sommeil. »

Nous réfléchissons à de nouveaux foils

Yves Le Blevec : « Nous réfléchissons à de nouveaux foils, pour réduire ces écarts de performance au près avec les nouveaux bateaux. Et j’ai noté un certain nombre de petites choses perfectibles qui vont servir la performance globale du bateau. »

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