Jacques Delcroix, 8e bizuth : « Dans le sport, soit on gagne soit on apprend »
La troisième et dernière étape de la Solitaire du Figaro Paprec s’annonçait déterminante et engagée. Elle a tenu toutes ses promesses. Dantesque par les conditions qui l’ont animée quasiment du début à la fin, elle a finalement sacré Loïs Berrehar et offert la victoire au classement général à Tom Dolan. De son côté, Jacques Delcroix, le skipper d’Actual qui a bouclé les 710 milles de ce dernier volet entre Royan et La Turballe ce jeudi à 8h06 en 23e position, termine à la 25e place du classement général de l’épreuve (8e bizuth) avec le sentiment d’avoir énormément appris mais aussi la satisfaction d’avoir véritablement été dans le jeu pour la première fois depuis ses débuts sur le support.
C’est une étape de « balèze » qui s’est jouée entre Royan et La Turballe ces trois derniers jours. Et pour cause, les conditions ont été particulièrement toniques, notamment entre Portland Bill et Skerries Bank. « Tant qu’on était dans les eaux territoriales françaises, ça allait mais au sud des côtes anglaises, ça n’a clairement pas été très agréable. Il a fallu composer avec 30 nœuds établis et des rafales à 35. On s’est fait tremper de la tête aux pieds, on est restés rivés à la barre à n’en plus pouvoir puis on n’a plus mangé ni dormi. Ça a été rude. Je pense que pour bien vivre ce type de situation, il faut non seulement un bateau parfaitement bien préparé mais aussi de l’expérience », a commenté Jacques Delcroix, peu après son arrivée au ponton du port de La Turballe, ce matin. « Pour ma part, je n’avais encore jamais navigué dans ce genre de conditions. Ce n’était donc pas évident pour moi de savoir ce qui ne marchait pas et pourquoi, ni de tenir le rythme. J’ai pris un peu cher et quelques trucs – rien de méchant – ont cassé sur le bateau », a ajouté le skipper d’Actual qui a dû composer avec du vent très soutenu mais aussi une mer pour le moins formée.
De l’expérience engrangée
« Les empannages étaient vraiment chauds, avec toujours cette peur de faire passer trop vite la grand-voile et de la déchirer. J’avoue que plusieurs fois, lors de la manœuvre, j’ai fermé les yeux et je me suis senti soulagé en les rouvrant et en constatant qu’elle était toujours entière », a détaillé l’ingénieur interpellé par ce qu’il aurait dû faire ou non. « Peut-être qu’il aurait fallu faire comme en Mini 6.50, c’est-à-dire prendre un ris dans la GV, ce qui semble toujours un peu bizarre en Figaro. En fait, je ne sais pas. Une chose est sûre en revanche, c’est que j’ai engrangé beaucoup d’expérience lors de cette étape musclée, comme dans la pétole devant Gijón lors des deux étapes précédentes, et comme dans plein d’autres moments. Dans le sport, soit on gagne soit on apprend. J’ai clairement beaucoup appris », a souligné l’ingénieur qui tire naturellement énormément de positif de sa première participation à la reine des courses en solitaire et à armes égales. « Pour la première fois depuis le début de la saison, j’ai eu l’impression de comprendre un peu le jeu, de maîtriser ma vitesse, de régater avec les autres et, de temps en temps, d’avoir les bons éléments pour bien faire les choses. Sur les épreuves précédentes (toutes terminées entre la 15e et la 32e places exception faite du Trophée Banque Populaire Grand Ouest disputé avec Anthony Marchand, le skipper d'Actuel Ultim 3, et bouclé en 11e position, ndlr), je m’étais surtout bagarré avec le bateau e t je n’avais pas les bonnes règles. J’ai trouvé l’exercice hyper excitant et vraiment très chouette », a terminé Jacques Delcroix.