Route du Rhum – Destination GuadeloupeYves Le Blevec et Anthony Marchand qualifiés… ou l’art de dompter ses sensations
Yves Le Blevec a bouclé son parcours qualificatif pour la Route du Rhum – Destination Guadeloupe la semaine dernière. C’était aussi sa reprise en main en solitaire sur Actual Ultim 3. « Tout s’est très bien passé, c’est un exercice pertinent, qui permet de mettre le doigt sur un point essentiel : trouver où mettre le curseur en solitaire sur ces bateaux-là. »
Grande et impressionnante première pour Anthony Marchand, skipper remplaçant du Team Actual, qui s’est également qualifié ces jours-ci : « Mentalement c’est vraiment éprouvant, mais on s’habitue à tout : je me suis senti super à l’aise ! »
Yves Le Blevec, skipper d’Actual Ultim 3 : « Ces 1200 milles en solo se sont parfaitement bien passés. Cet exercice présente l’intérêt de mettre le doigt sur la difficulté d’exploiter le bateau au maximum de son potentiel en solitaire. Ça, c’est compliqué. Or il faut y aller au maximum. On ne peut pas viser 100%, mais mieux que 80%, c’est certain. »
Les sensations sont souvent trompeuses
La difficulté, pour un marin aussi expérimenté qu’Yves, n’est en effet plus technique, mais de savoir où placer la prise de risque, sachant que la performance n’est pas forcément là où le risque est le plus grand. C’est sur ce délicat dossier que le Team Actual a travaillé tout l’hiver, via notamment de l’analyse de données et cela porte ses fruits.
Yves Le Blevec : « Les sensations sont souvent trompeuses. Bien souvent, quand tu navigues un cran en dessous du maximum supportable, tu as l’impression de te trainer parce qu’il y a moins d’efforts sur le bateau, ça fait moins de bruit, ça bouge moins… mais, objectivement ça marche bien. Grâce au travail d’analyse de performance réalisé cet hiver on a maintenant des repères très intéressants sur lesquels on peut s’appuyer : par exemple, estimer quelle est la perte réelle et objective à être un peu sous toilé afin d’anticiper une manœuvre avant qu’e lle ne devienne délicate : ça, on sait le faire. »
Ce parcours de qualification de 1200 milles, même s’il fut instructif, ne clôt bien sûr pas la préparation d'Yves Le Blevec en vue de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Le skipper Actual reprendra le cours de ses entrainements, en solitaire, dès début septembre.
Des nouvelles du chantier « dérive »
Suite à une avarie de dérive survenue lors de la Finistère Atlantique, le Team Actual est au chevet du géant. La dérive est encore dans la phase de démontage. Ingénieurs et prestataires travaillent de leur côté pour la mise en place du nouvel appendice qui devrait être livré début octobre. Cette avarie n’empêchera cependant pas l’équipe de naviguer : les entrainements reprendront début septembre.
C’est impressionnant, mais on s’habitue à tout
Anthony Marchand, skipper remplaçant d’Yves Le Blevec pour la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, vient de découvrir le solitaire en Ultim : une grande première aussi éprouvante mentalement qu’agréable. « C’est une super expérience, très intéressante ! Nous ne sommes pas très nombreux à avoir la chance de pouvoir vivre ça. J’en ai bien conscience. C’est impressionnant, mais on s’habitue à tout. »
On ne se sent plus seul
« A peine parti, j’ai un peu abattu et le bateau s’est aussitôt envolé à 37 nœuds ! … je me suis dit ! : ‘’houlà ! Je ne suis pas encore prêt à ça !’’
J’ai tout de suite calmé le jeu… Et, rapidement, on comprend mieux les mouvements, les bruits… On prend de l’assurance au fur et à mesure des milles parcourus, jusqu’à la sensation de faire plus qu’un - ou presque - avec le bateau. On se sent à l’aise. On ne se sent plus seul sur cette grosse bête… Je me sentais vraiment bien sur le bateau, content d’être en mer. »
En alerte permanente
« En revanche, deux jours de navigation sur un Ultim, psychologiquement parlant, ça équivaut à une semaine sur un Imoca, par exemple, ou un bateau qui ne risque pas de chavirer. On est en alerte permanente. Mentalement, c’est éprouvant. Il n’y a pas de sensation de peur, mais, être toujours aux aguets, c’est prenant. J’étais curieux de découvrir cet aspect-là : je n’ai pas été déçu ! C’était une super expérience. »
Dormir à 40 nœuds
« Réussir à faire une sieste à 40 nœuds… On a beau essayer de se projeter, d’imaginer ce que ça peut être, il n’y a qu’une fois en situation que l’on se rend compte du truc ! Ça reste très compliqué d’aller s’endormir à hautes vitesses et en sécurité. J’ai réussi à le faire en mettant 50 alarmes en route ! On trouve des astuces, des façons de naviguer qui permettent la vie à bord possible. »
Des condition pas trop faciles, idéales pour une qualif
« J’ai eu de tout en conditions de vent : 28 – 30 nœuds au reaching au retour, le bateau allait entre 33 et 42 nœuds, du portant dans 20 – 25 nœuds, du près dans 18 – 20 nœuds : donc plutôt un peu de vent et un peu de mer aussi, entre 1 et 3 m. Des conditions pas trop faciles, mais pas impraticables non plus. Bref, idéales. Si demain, il fallait partir sur une transat, j’en suis capable ! »
On n’a pas chômé
« Toutes les modifications faites à bord d’Actual Ultim 3 cet hiver portent leurs fruits. On le connait de mieux en mieux. On a beaucoup navigué cette saison, l’équivalent de deux traversées de l’Atlantique, au moins. On n’a pas chômé. Et réussir à se qualifier tous les deux avant le chantier d’été : c’est parfait ! »